Tsiganes, Roms, gens du voyage… entre question sociale et question ethnique

Vendredi 23 mars 2012 à 14h

Mohamed Belqasmi

L’Association des Chercheurs des Organismes de la Formation et de l’Intervention Sociales et l’Institut Régional du Travail Social du Poitou-Charente sont heureux de vous inviter au séminaire :

Tsiganes, Roms, gens du voyage… entre question sociale et question ethnique

Résumé de l’intervention

Depuis quelques temps, les « questions Tsiganes » ont pris une telle ampleur, tant au niveau médiatique que politique, qu’il semble difficile de les appréhender sans risquer d’en tirer des conclusions hâtives. L’explication généralement admise du « sort » malheureux de la majorité des Tsiganes « pauvres » européens considère que celui-ci serait principalement le résultat de processus et de dispositifs sociohistoriques de catégorisation et de contrôle de populations traitées injustement comme des «sauvages », des vagabonds, etc. Or, sans nier l’épaisseur historique des pratiques discriminantes à l’endroit de ces populations, ce raisonnement est en réalité tautologique – expliquer le destin des Tsiganes par le sort qui est censé leur être réservé, c’est confondre la cause et ses effets. Il est donc nécessaire de ne pas évacuer la diversité des pratiques d’acteurs qui, à côté des dispositifs formels de contrôle social et des logiques d’assignation identitaire, agissent quotidiennement en direction de ces populations, pour le meilleur et/ou pour le pire. Au-delà des « pratiques d’hospitalité » qui tempèrent plus ou moins les dispositifs de contrôle des Etats, le traitement politique et social des « questions Tsiganes » s’inscrit dans une dynamique de reconfiguration de la stratification de l’espace social en termes d’ethnicité/nationalité, processus qui tend à redéfinir les représentations sociales qui cristallisent les rapports centre/périphérie (Nous/Eux). En effet, l’accélération de l’attention portée aux « questions Tsiganes » ne se manifeste pas « hors-sol », elle s’inscrit dans un contexte plus large de remise en cause de la centralité de « l’Occident » dans un monde dorénavant pluricentrique et globalisé, et de résurgence de conceptions ethnicistes de l’identité nationale en Europe. Elle participe, à ce titre, de rapports de force, de tensions et de conflits qui ont quelque chose à voir avec les errances de la construction européenne, mais également avec les politiques nationales et locales des « identités ».