Prévention et contrôle social, la prévention sociale d'hier à aujourd'hui.

Annonce

L’Association des Chercheurs des Organismes de la Formation et de l’Intervention Sociales et l’Institut du Développement Social sont heureux de vous inviter au séminaire :

Prévention et contrôle social : la prévention sociale d’hier à aujourd’hui.
Evelyne BAILLERGEAU – Sociologue

Résumé de l’intervention

Depuis les années 1980, la prévention fait l’objet d’une grande variété de pratiques qui tendent soit à agir sur les causes profondes de la délinquance (prévention sociale), soit à empêcher le passage à l’acte (prévention situationnelle). Alors que la prévention sociale a connu un certain succès dans les années 1980, la prévention situationnelle semble aujourd’hui hégémonique. Pourtant, dans divers pays européens et nord-américains, la prévention sociale continue d’être invoquée par bon nombre d’intervenants sociaux basés dans des quartiers populaires considérés comme « criminogènes ». A travers une analyse de quelques cas européens, on questionnera l’articulation entre les différents modèles de prévention.

Texte de l’intervention

La prévention est une idée assez ancienne qui remonte au 19e siècle. Appliquée au champ de la lutte contre la délinquance, elle a fait l’objet d’une attention soutenue depuis les années 1980, tant du côté des pouvoirs publics que de celui des chercheurs. La prévention est aussi un champ de pratiques qui tendent à s’inscrire dans divers modèles théoriques. Les auteurs francophones opposent généralement la prévention sociale « à la française » qui vise globalement à traiter les causes sociales et économiques de la délinquance à la prévention situationnelle à l’ « anglo-saxonne » qui vise plutôt à empêcher le passage à l’acte délictueux. Il est généralement admis que dans les années 1980, il y avait une sorte d’affrontement entre ces deux modèles et qu’aujourd’hui la prévention situationnelle tend à supplanter la prévention sociale. Il ne s’agit pas ici de remettre en cause cette idée mais de s’attarder à l’articulation de ces deux modèles pour deux raisons principales. D’une part, bon nombre d’auteurs mettent en évidence les limites du modèle situationnel pour endiguer la délinquance en profondeur (la prévention situationnelle aurait plutôt tendance à reporter ou à déplacer les problèmes). On peut donc se demander : quelles sont les alternatives ? D’autre part, sur le terrain, bon nombre d’acteurs, d’intervenants, continuent de mettre en œuvre des pratiques qui entrent plus nettement dans la perspective de la prévention sociale que dans celle de la prévention situationnelle, et ce dans bien des pays d’Europe et aussi d’Amérique du Nord. Quel est donc le sens et l’avenir de ces pratiques ? Ces questions sont abordées à partir d’observations portant sur un nouveau champ de pratiques que l’on retrouve dans l’ensemble des pays européens, et que l’on souhaite appeler la nébuleuse social-sécuritaire. (Lire la suite)