Participation, activation et intervention sociale

Participation, activation et intervention sociale
Manuel Boucher

Mardi 9 juin 2015 à l’ITSRA Clermont Ferrand

Résumé

Lorsque l’on fait l’état des lieux des différentes programmes de recherche et expérimentations pédagogiques dans lesquels des intervenants sociaux sont aujourd’hui engagés, on peut faire le constat que, d’une manière ou d’une autre, le fil rouge de ces travaux est lié aux concepts en vogue, de participation, d’empowerment et d’activation. Le concept de « participation » ou celui d’ »empowerment » (capacitation, empouvoirisation, pouvoir d’agir…) venu des États-Unis, mais de plus en plus utilisé et plébiscité en France, est effectivement appréhendé comme un moyen de changer les relations, généralement asymétriques, entre les travailleurs sociaux et leurs usagers.

Ainsi, les prérogatives législatives initiées au début des années 1980 et réaffirmées au cours des années 2000 (lois de 2002 et de 2007) soulignent toute l’importance de démocratiser les pratiques en travail social.

Dans ce contexte, néanmoins, au-delà des discours des acteurs du champ social affirmant être en conformité avec la législation et des déclarations d’intention sur la nécessité de faire participer les usagers du champ social aux mesures d’accompagnement dont ils bénéficient, lors de ce séminaire, à partir de résultats de recherche dans les champs de la protection de l’enfance et de l’accompagnement social de la pauvreté, il s’agit de tenter de répondre à plusieurs interrogations : comment se traduit l’incitation au développement d’un  » modèle d’implication  » des usagers ? Cette transformation entraîne-t-elle des changements dans les représentations et les pratiques professionnelles des intervenants sociaux et des usagers ? Existe-t-il des écarts entre l’appel à la  » démocratisation  » des pratiques d’intervention sociale et les possibilités effectives offertes aux intervenants sociaux d’intégrer cette dynamique dans leurs pratiques ?

Depuis plusieurs années, le champ social étant confronté à la rationalisation et à l’emprise croissante de logiques « gestionnaires », comment les travailleurs sociaux arrivent-ils, cependant, à composer avec cette contrainte pour favoriser l’implication des usagers dans les modes d’intervention sociale ?

Comme le questionne Marie-Hélène Bacqué dans son livre sur l’empowerment, le rôle de l’intervention sociale  » consiste-t-il à dispenser des services et à distribuer des aides à des usagers ou à des patients considérés comme des assistés incapables d’agir par eux-mêmes, ou bien est-il de leur apporter les ressources nécessaires pour développer leurs propres capacités de transformation individuelles et sociale ? « 

En outre, la mobilisation puis l’institutionnalisation de la notion d’empowerment dans le monde de l’intervention sociale ne coïncide-t-elle pas également avec des pratiques qui se détachent progressivement d’une perspective de transformation sociale ? Dans ce cas, la revendication de plus en plus d’intervenants sociaux notamment regroupés au sein du collectif « pouvoir d’agir » ne risque-t-elle pas de devenir un nouveau conformisme au sein du travail social sans pour autant transformer les pratiques et les logiques de domination en œuvre dans ce champ ?