Les femmes et le ghetto

Vendredi 17 mai 2013 à 14h

Laurent Courtois

L’Association des Chercheurs des Organismes de la Formation et de l’Intervention Sociales et l’IRTS Languedoc-Roussillon sont heureux de vous inviter au séminaire :

Les femmes et le ghetto

Résumé

Le processus de ghettoïsation dans les quartiers populaires paupérisés en France, développe un univers des stéréotypes, d’une morale sociale conservatrice qui rigidifie les rôles sociaux au détriment des subjectivités. Les femmes y subissent des pressions jusque dans l’espace public. Elles se retrouvent souvent enfermées dans des attendus masculins qui les classifient toujours en « fille de », « femme de », et en référence aux rôles familiaux « mère », « sœur ». La réputation pèse aussi fortement sur les femmes du ghetto enserrées dans des carcans puritains édictées par les hommes du ghetto. Au fond, elles ne semblent définies que par leur fonction sociale et leur assignation.

Pourtant, en 2003, une marche des femmes des quartiers contre les ghettos et pour l’égalité en réaction à la mort d’une jeune fille, brulée vive par un garçon de la cité, ex-petit ami, engageait un mouvement nationale sur ces dominations quotidiennes. En 2012, les femmes du quartier du Franc-Moisin- Bel air à Saint Denis, organisaient une marche de la dignité, et lançaient un appel de toutes les mères de familles qui « se battent au quotidien et restent debout », et contre « la précarité grandissante qui touche les quartiers populaires ». Cette action faisait suite à la mort de deux femmes en situation de surendettement.

Dans ces espaces où l’absence de sens et l’abandon politique sont le terreau de la violence et de l’accentuation des déséquilibres dans les rapports sociaux au quotidien, refaire la cité pour sortir du processus de ghetto passe par une lecture des capacités mobilisatrices des femmes. Leur capacité d’action plus grandes que celles de hommes, qui disparaissent de la vie de la vie sociale, apparaît comme un champ du possible.