Les "camps roms" sont des espaces de luttes

Les « camps roms » sont des espaces de luttes
Mohamed Belqasmi

Mercredi 10 décembre 2014

ADATE Grenoble

Résumé

L’image de migrants dits « Roms » habitants de campements de fortune est devenue une des figures emblématique de l’altérité. Particulièrement ciblés par des dispositifs de contrôle et de dissuasion, les migrants « Roms » sont en passe de devenir la figure-type de l’indésirable « de l’intérieur », alors même que nous vivons une séquence historique d’accélération des mobilités transnationales. Mais les médias et les forces de l’ordre ne sont pas les seuls à s’intéresser aux « Roms ». A partir d’une ethnographie des mobilisations sociales suscitées par l’installation d’habitats auto-construits et de squats peuplés par des migrants de nationalité roumaine, nous soulignerons comment, au-delà de l’image de populations livrées à elles-mêmes, loin d’être délaissés, ces espaces sont investis par des acteurs sociaux engagés dans la gestion sociale et spatiale de « quasi-camps ». Dans ce contexte, nous montrerons que ces espaces ne sont pas univoquement caractérisés par l’exceptionnalité, mais qu’ils sont également des lieux à partir desquels se déploie une variété de formes de mobilisations. Ces mobilisations s’inscrivent dans le cadre d’une « division du travail social » qui procède d’une part, de processus de mise à distance accentués par les transformations de l’Etat social, et d’autre part, de mouvements sociaux de contestation d’inégalités et de frontières sociales qui engagent autant les « Roms » que leurs défenseurs institués ou volontaires.