Les ambivalences du travail
Mardi 1er juin 2010 à 17h
Annonce
L’Association des Chercheurs des Organismes de la Formation et de l’Intervention Sociales et l’HES Suisse Occidentale sont heureux de vous inviter au séminaire :
Les ambivalences du travail
Olivier Cousin
Résumé de l’intervention
Les nouvelles formes d’organisation du travail contemporain sont placées sous le signe d’un durcissement des conditions de travail. A ce propos, il est fréquent d’évoquer le stress, la souffrance, ou bien encore un renouvellement de l’aliénation. Et pourtant, le travail apparaît être aussi le lieu de l’expression de son individualité et, plus généralement, un moyen de réalisation de soi. Comment saisir cette contradiction et quel sens lui donner? Faut-il n’y voir que ruse et manipulation, et dans ce cas postuler que les salariés sont victimes d’une illusion et prisonniers de la rhétorique managériale ? Faut-il au contraire prend au sérieux cette apparente contradiction en essayant de comprendre comment les salariés parviennent à articuler des propos aussi antagonistes? Finalement, parle-t-on exactement de la même quand on décrit son travail et quand on aborde son environnement de travail? Faut-il mettre tous les éléments constituant le travail sur le même plan et postuler qu’il existe nécessairement une unité ?
Texte de l’intervention
Une quasi-unanimité règne dans les sciences sociales à propos des nouvelles formes d’organisation du travail. Le nouveau modèle productif se caractérise par une tension entre des conditions de travail qui se durcissent et une autonomie dans l’exécution des tâches et des activités qui s’accroît. Il existe donc un paradoxe : la contrainte se renforce quand l’activité laisse plus de marge de manœuvre aux salariés. Le paradoxe se résout, le plus souvent, par la mise en exergue d’une nouvelle forme d’aliénation, dont la puissance repose sur le principe de l’engagement contraint et d’une ruse du management avec la notion du gagnant/gagnant. Pour les cadres, la contrainte ne s’exerce plus par la nécessité d’être le relais de la politique d’une entreprise et de veiller à son application, mais par une promesse, rarement tenue, d’exaltation de soi par un engagement sans fin dans le travail : en pensant travailler pour lui, pour sa réussite ou son plaisir, le salarié ne fait que travailler pour son entreprise et sa quête de profit… (Lire la suite)