Les acteurs sociaux face au contrôle social

L’Association des Chercheurs des Organismes de la Formation et de l’Intervention Sociales et l’Institut de Travail Social de la Région Auvergne sont heureux de vous inviter au séminaire :

Les acteurs sociaux face au contrôle social : l’hybridation des formes d’intervention sociale dans les quartiers populaires
Manuel Boucher – Sociologue

Résumé de l’intervention

Le travail social professionnel largement associé à l’institutionnalisation de la solidarité organique est aujourd’hui menacé. Dans un contexte de « mondialisation néo-libérale », de dilution de l’Etat social solidaire, de retour à l’« incertitude de l’existence », dans certains territoires, notamment dans les quartiers populaires, nous assistons à des processus de ghettoïsation, de précarisation et de déprofessionnalisation, voire d’ethnicisation du travail social. Dans ce cas, les intervenants sociaux ne semblent plus considérés comme des professionnels chargés de participer au développement du progrès social mais comme des agents au service du maintien de la cohésion sociale et de l’égalité des chances, en fait un euphémisme pour désigner une autre réalité : la contention sociale. A partir de nos dernières enquêtes sur l’hybridation des modes de régulation des turbulences dans les « zones urbaines sensibles », cette communication propose dès lors de montrer, au-delà des idées reçues sur la décomposition du contrôle social, qu’il existe des formes renouvelées et diversifiées de neutralisation et d’inhibition de la violence développées, d’une part, par des acteurs dont l’une des missions principales est de lutter contre la délinquance, et d’autre part, par des intervenants dont l’objectif principal n’est pas de combattre la violence et les désordres mais qui pourtant, mettent en œuvre des modes d’action singuliers.

Texte de l’intervention

Le nouvel espace de la co-production de la sécurité ? A partir de nos dernières enquêtes sur l’hybridation des modes de régulation des turbulences dans les « zones urbaines sensibles », cette communication propose de montrer qu’au-delà des idées reçues sur la décomposition du contrôle social, il existe des formes renouvelées et diversifiées de neutralisation et d’inhibition des désordres développées, d’une part, par des acteurs dont l’une des missions principales est de lutter contre la délinquance et la violence, et d’autre part, par une diversité d’intervenants dont l’objectif principal n’est pas de combattre ces phénomènes mais qui pourtant, mettent en œuvre des modes d’action singuliers. Dans ce cas, la question centrale n’est pas de savoir si les quartiers populaires sont en voie de déréliction, en proie à l’anomie et à la désorganisation sociale mais de questionner les effets et les enjeux du renouvellement et de la complexification du contrôle social institutionnel et informel : le nouvel espace de la co-production de la sécurité ne coïncide-t-il pas avec le délitement et l’instrumentalisation d’une forme d’intervention sociale solidaire et émancipatrice ? (Lire la suite)