La mise en marché de l'aide à domicile dans le cadre des politiques européennes

La mise en marché de l’aide à domicile dans le cadre des politiques européennes
Frédérique Streicher

Jeudi 26 février 2015 à 14h à l’ITSRA de Clermont-Ferrand

Résumé

En Europe, les politiques sociales intégrées dans la « stratégie de Lisbonne » renforcent les régulations institutionnelles nationales et territoriales sur le principe du libre échange et de la mise en concurrence des services sociaux. C’est dans ce contexte que les services prestataires à domicile (SAD) ont évolué vers des formes d’entreprises associatives ou commerciales positionnées sur un « quasi-marché ».

Le département de recherche de l’IRTS de Lorraine et l’Université de Kassel (Allemagne) ont enquêté auprès de 15 SAD situés dans un département français, une agglomération allemande et au Grand-Duché du Luxembourg. La recherche montre les effets des régulations publiques mises en œuvre par les collectivités territoriales en charge de financer et de mettre en œuvre les dispositifs d’aide à domicile. Selon le type d’Etat Social, différentes formes de construction de marchés s’organisent autour de la concurrence entre les prestataires, la pression sur les prix associée à l’attribution des fonds publics pour la solvabilisation partielle des ménages (par exemple l’APA, en France). Ces régulations institutionnelles encadrent la gouvernance et l’organisation des services par des règles paradoxales, à la fois tutélaires et libérales. En conséquence, variablement dans les trois régions étudiées, les associations de services présentent une organisation du travail hybride : d’une part, elles mobilisent fortement les compétences relationnelles et l’engagement des intervenants sociaux et, d’autre part, elles développent des configurations productives industrielles (efficience, standardisation, parcellisation, déprofessionnalisation, etc.). Ces évolutions conduisent, actuellement, au constat de la baisse de l’attractivité des emplois et des métiers de l’aide à domicile et à un épuisement économique et humain dans les SAD qui peinent à internaliser le modèle industriel et marchand et à maintenir la qualité du service à la personne.