Ghettos urbains
Ghettos urbains
Laurent Courtois et Hervé Marchal
Lundi 6 octobre 2014
IRTS Lorraine
Résumé
Les mutations de la société française modifient profondément les espaces urbains. Les villes se segmentent. Elles témoignent des fractures sociales et économiques de la société et illustrent l’inégale répartition des richesses. Des quartiers, jusque-là définis par la précarité et la relégation, s’enfoncent dans un processus de ghettoïsation. Les quartiers que nous avons étudiés ne se limitent pas à une ségrégation territoriale, sociale et raciale. Ils se définissent comme une forme de ghetto urbain (Lapeyronnie, Courtois, Ghetto urbain, Robert Laffont, 2008), par un ensemble de conduites sociales émanant d’une organisation sociale et morale particulière. Face à la pauvreté, au racisme et à l’enferment, les personnes qui vivent dans le ghetto construisent des stratégies d’existence. Les rôles sociaux cristallisent les relations et fragmentent la vie sociale entre les catégories d’individus. Ce « contre monde » naît de l’action d’expériences vécues dans une société qui enferme et étouffe les individus du ghetto. Il interroge particulièrement les professionnels du travail social sur les modalités d’intervention et sur la dimension politique de celles-ci. Pourtant, « l’intervention politique, qui consiste à redonner sens à la situation vécue en liant les préoccupations des habitants à des problèmes généraux, est une condition de l’efficacité et de la pertinence des interventions sociales et civiques » (Kokoreff, Lapeyronnie, Refaire la cité, Seuil, 2013, p.99).