De la fragilité à la réclusion sociale et de l’assistance au développement territorial en milieu rural

Jeudi 11 octobre 2012 à 13h30

Philippe Lyet

L’Association des Chercheurs des Organismes de la Formation et de l’Intervention Sociales et l’IRTS PACA-Corse sont heureux de vous inviter au séminaire :

De la fragilité à la réclusion sociale et de l’assistance au développement territorial en milieu rural

Résumé

Les territoires ruraux sont faiblement couverts par les politiques publiques et connaissent des difficultés récurrentes en matière de mobilité et d’isolement. L’exclusion y prend une forme particulière que nous avons nommée réclusion qui se caractérise par une mise à distance des ressources de l’assistance et par une stigmatisation permanente. Les pauvres se retrouvent comme prisonniers de territoires où ils rencontrent de fortes difficultés d’intégration. Ils se replient sur eux-mêmes, ajoutant à cette réclusion externe une réclusion interne, un retrait de la vie sociale qui est une manière pour eux d’échapper à la honte.

Face à cette problématique, les dynamiques des acteurs et des territoires en matière d’action sociale relèvent de logiques d’action différentes et ce sont ces logiques que nous avons voulu identifier. Nous avons pu construire deux types idéaux :

– Un type de dynamique territoriale où les pratiques des acteurs se limitent, sans autre visée, à une stricte assistance aux personnes en situation de pauvreté ;

– Un autre type idéal de dynamique territoriale (construit à partir de situations plus rares) où les acteurs ont défini un projet de développement territorial dans lequel le travail social se trouve inscrit.

Dans ce second type, l’existence d’un projet territorial pluridimensionnel favorise la participation des acteurs du travail social au développement local. Les équipes des institutions sociales se disent davantage concernées par ce qui est à créer localement, « en prise » avec le développement du territoire dans lequel elles travaillent. Elles développent des capacités stratégiques en lien avec les autres acteurs. Elles sont insérées dans les réseaux locaux plus larges que les stricts réseaux de l’action sociale. Elles parviennent ainsi à mieux à inscrire les problèmes sociaux dans les préoccupations du système des acteurs du territoire. Elles peuvent développer des formes d’action moins stigmatisantes que celles à l’œuvre dans la logique de l’assistance (dont on sait depuis G. SIMMEL qu’elle construit la pauvreté), qui mixent intervention clinique et inscription des individus dans des dynamiques locales et se présentent comme une alternative à la norme d’internalité.